Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Blue rabbits painted in red.
14 août 2010

Dreamer, you, stupid little dreamer...

L'autre jour, j'écoutais une chanson de celles qui te font gonfler le coeur sans que tu te l'expliques, celles qui te chantent le bonheur et t'emplissent de joie et de nostalgie dans les mêmes proportions. Celles qui te laissent pleine d'une tristesse pleine d'espoir, qui te donnent envie de t'allonger sur ton lit et de penser à des trucs fous, de serrer quelqu'un dans tes bras, de ne voir personne, d'aider les autres et de partir loin, loin, très loin, tout ça en même temps.

En même temps, je lisais un dossier sur le surf, suivi par une carte du ciel avec des explications sur la lecture de cette dernière. Ce genre de dossiers qui te font entrevoir les rêves les plus fous de l'espèce humaine.

C'est là que j'ai compris ce que je pressentais depuis des mois. Il existe deux sortes de bonheur.
Le premier, c'est l'instant d'absolu, l'instant merveilleux, dont on ne se rend même pas compte pendant qu'on le vit, même s'il nous coupe le souffle et nous fait venir les larmes aux yeux, même s'il augmente notre rythme cardiaque et distille de l'adrénaline jusque dans les pointes de nos cheveux. C'est l'instant dont on ne profite pas parce qu'on ne se rend pas compte de l'infini et du moment présent qui se fondent dans le même temps, les deux en un, sous nos yeux. Juste là.
Le second, vous l'aurez compris, c'est la retombée. C'est quand on écoute une chanson, qu'on lit un livre ou qu'on regarde un film puissant. Quand on se remémore des instants purs, sans poussières, sans anicroches. C'est l'instant où on contemple le bonheur éphémère que l'on a vécu ou que l'on aurait pu vivre, mais qu'on ne vit plus et, a-t-on l'impression, qu'on ne revivra plus jamais. Ça marche aussi quand on pense à tout ce que l'on pourrait faire, et que l'on ne fera pas.

Alors vient une question idiote : qu'est-ce qui est le plus profitable ? Le bonheur éphémère, impalpable, dont on ne se rend compte qu'une fois qu'on en est privé ? Ou celui du souvenir, du récit ? Évidemment, tout le monde sera tenté de répondre : le premier. Mais on ne se rendra compte de ce bonheur-là qu'à la condition de vivre le second, celui qui englue.
Et quand on vieillit ? Plus on a vécu d'instants absolus, plus on en souffre avec le contrecoup de notre bonheur ?

Et puis je me suis rendue compte que, de toutes façons, ce contrecoup était inévitable. Si je ne peux envier mon bonheur, j'envierai celui des autres. Alors, quitte à être jaloux, autant que ce soit de moi-même, non ?

Alors, j'essaie de poursuivre les instants purs, tournée vers ce qui va m'arriver, plutôt que vers ce qui m'est arrivé ou ce qui aurait pu m'arrivr, voir même ce qui ne va pas m'arriver.  Alors, je provoque l'infini et je cours sur l'ensemble des complexes dont l'affixe augmente, toujours plus. Alors je fume, alors je bois, alors je drague n'importe quoi. On aura toujours le temps de regretter.
J'ai passé un an à me replier sur ce qui aurait pu m'arriver. L'année qui arrive, je m'ouvrirai sur ce que je ferai en sorte qu'il m'arrive.

Je vais m'offrir un trou dans l'oreille pour mon bac, un saut en parachute pour mon anniversaire. Mes parents m'offriront un voyage en Chine, et un mécène dont j'ai oublié le prénom, un voyage au Maroc. Je vais faire en sorte de me concocter un été, le dernier avant les études supérieures, que je n'oublierai pas. J'aurai juste la faiblesse de retourner à Emmaüs. Et le bonheur de retourner, évidemment, au pje. Je vais profiter de chaque instant, en je vais oublier, le plus possible, ce qui vient de m'arriver. À soixante ans, j'aurai le temps de m'en souvenir et de regretter ma jeunesse...

Je vais aussi écouter Dreamer, de Supertramp, en boucle. Devenir astronaute pour s'échapper de cette planète ou je vais finir par étouffer. Et devenir une étoile.

En parlant d'étoiles, je voudrais adresser une pensée à deux d'entre elles, qui, il me semble, n'arrivent pas à se dépêtrer du passé. Mes voeux vous accompagnent. Vous êtes deux supergéantes rouges. Pas des étoiles filantes, consumées par leur traîne, pas des naines brunes, qui ne s'allumeront pas, pas des naines jaunes à l'avenir boiteux. Des étoiles exceptionelles, qui rayonnent sur plusieurs années lumières à la ronde. Sachez le !

 

1__196_


Supertramp Dreamer_____________

 

Publicité
Commentaires
Publicité
Publicité